Premier roman publié de Philippe Dick, celui qui sera considéré comme un des grands pontes de la SF, Loterie Solaire m'a plutôt réconcilié avec l'auteur que j'avais découvert à travers Ubik, bien que je n'ai pas passé un mauvais moment avec ce dernier.
Ted Benteley vient de se faire congédier d'une des cinq Collines, les plus gros groupes industriels de la planète. Déçu par ce système capitaliste, il décide d'oeuvrer pour le Directoire, et s'inféode alors sous la coupelle du Maitre du Jeu Reese Verrick. Malheureusement pour lui, la saute de la Bouteille a eu lieu une heure avant qu'il ne prête serment, et il se retrouve alors inféodé à ce qu'il avait décidé de quitter. Mais dans ce monde, où la Bouteille, mécanisme subatomique, désigne dans le plus pur hasard le Maitre du Jeu, l'assassinat de ce dernier est largement encouragé, et Reese Verrick, l'ancien MJ, réunit logiquement la Convention du Défi, chargée de désigner l'assassin officiel, qui devra déjouer les ruses du Corps des télépathes chargés de protéger le MJ.
On retrouve quelques thématiques communes à Ubik (voire à l'auteur tout court), comme par exemple la dénonciation - plutôt légère - du capitalisme, ou un monde où les pensées les plus intimes peuvent être violées à n'importe quel moment, à l'aide des télépathes. Le disque lunaire est également développé, tout comme l'assassinat. Ce qui surprend en revanche, c'est le postulat de ce monde dominé par le jeu, où n'importe qui en possession d'une carte de pouvoir - ou ticket - peut être désigné par la Bouteille en tant que nouveau Meneur de Jeu. Cette pratique prend d'ailleurs ses racines d'une théorie plus ancienne, celle du Minimax, qui prône le hasard comme stratégie afin de ne pas être prévisible.
Tous ces thèmes sont, à mon avis, évoqués superficiellement, et bien qu'il y ait quelques réflexions plus ou moins intéressantes, le piment de ce livre ne se situe pas à ce niveau. En effet, les assertions de Dick concernant la Vie sont relativement plates, convenues même. Mais le plus dommageable c’est que la partie avec l’astronef semble servir uniquement à l’exposition de cette théorie. C'est donc du côté de l'histoire qu'il faudra chercher son plaisir, et qu'on le trouvera. Au coeur d'une pagination relativement modeste, où sont condensées toutes les trouvailles, se niche une histoire palpitante et plein de rebondissements. Le stratagème mis en place fait preuve d'une grande méticulosité, où le hasard, malgré l'omniprésence dans le monde décrit, n'a pas lieu. Un bon scénario au nombreux rebondissements qui nous accroche jusqu'à la fin.
Les personnages ne sont pas vraiment le point fort du livre, sans pour autant être laissés en plan. Ils sont simplement corrects. Quant au style, si l'on ne peut le qualifier de brillant, on le dira plaisant. Quelques répétitions se font parfois sentir, mais l'essentiel est respecté, il ne nuit pas au plaisir de lecture comme l'avait fait traduction d'Ubik.
Bref, un scénario rondement mené, avec quelques réflexions pas toujours intéressantes qui viennent parsemer le récit. A lire pour l'histoire pus que pour le message. Pour un premier roman, c'est un très bon jet.
hello,
RépondreSupprimerje découvre ton blog, le problème c'est que pas mal de lires me font envie du coup :)
pour ma part je suis un grand fan de Dick, de cyber punk (Blade Runner est mon film préféré) et en SF j'ai également beaucoup aimé toutes la saga Hypérion / Endymion.
A+
Geoffrey (BonneGueule.fr)
Content de voir que tu salives un peu ;)
RépondreSupprimerDick je trouve ça spécial, je n'arrive jamais à pénétrer entièrement dans son monde (pour l'instant), mais je persévère. Puisque t'aimes bien l'auteur, je te conseille particulièrement Narcose, de Barbéri, si tu ne l'as pas encore lu ; on le compare souvent à Dick.
http://foudre-olympienne.blogspot.com/2011/08/narcose-jacques-barberi.html
Si tu cherches beaucoup de cyberpunk, je te conseille de jeter un oeil sur quelques blogs de ma blogroll comme le Traqueur Stellaire, le RSF Blog, chez Lorkhan, le Dragon Galactique, entre autres.