Que ceux qui ne connaissent pas Frank Herbert se désignent. Que ceux qui ne connaissent pas son cycle de Dune se flagellent. Et que ceux qui n’ont pas connaissance de L’Etoile et le fouet lisent mon article, cette dernière option demeurant le meilleur moyen d’en apprendre davantage sur l’ouvrage.
Sur la planète Cordialité, une boule calibane s’est échouée, abritant la dernière représentante de son espèce. Les calibans ont apporté avec eux, il y a dix neuf ans de cela, la technologie S’œil, permettant de se téléporter immédiatement d’un bout à l’autre de l’univers. Mais depuis quelques temps la technologie déraille, les bienfaiteurs disparaissent, entrainant d’innombrables morts et cas de folie. Saboteur extraordinaire, mandaté par le Bureau des Sabotages pour élucider ces disparitions inexorables, Jorj X. McKye se verra confier la mission d’approcher la calibane affirmant se prénommer Fanny Mae. Mais Il s’apercevra que sa mission dépassera le cadre de ses fonctions, qu’il lui faudra sauver la calibane pour sauver l’humanité et les autres espèces co-sentientes.
La survie de l’humanité semble être une constante chez Herbert ; déjà présente dans Dune, on la retrouve une fois encore dans L’Etoile et le fouet, avec cependant quelques variations : ce n’est pas un homme seul, isolé, bénéficiant de pouvoirs inaccessibles au commun des mortels qui porte cette charge digne d’Atlas, mais un homme commun, lambda, sans distinction particulière, en l’occurrence Jorj X. McKye. Et sa tâche n’est pas des plus aisées, car si le contact avec la calibane ne présente pas de difficulté particulière, c’est la communication qui fera défaut. On assiste dès lors à des échanges abscons, où la calibane s’exprime dans un amphigouri relevé, que le lecteur comme le héros aura bien du mal à déchiffrer. A l’instar de McKye, on croit saisir vaguement le sens caché de ces paroles énigmatiques, mais de suite après les cartes se brouillent de nouveau et l’on retombe dans un état de perplexité qui nous fait revenir sur les dialogues précédents pour espérer, vainement, en dégager la signification.
Ce procédé n’est évidemment pas innocent de la part d’Herbert, il met en exergue les problèmes de communication inter-espèces, basés sur des incompréhensions sémantiques, des paradigmes divergents, mais aussi sur la base émotive des individus. Un des ressorts de la trame illustre fortement, lourdement presque, l’épineux problème lié à la mécompréhension des termes employés, utilisés pour définir ce que sont les conjonctions. Il n’est donc pas uniquement question de relation inter-espèces, la base lexicale, commune à chaque participant d’une conversation, est également traitée ici.
Néanmoins, l’ouvrage a beau proposer une histoire intéressante, sans grosses ficelles, il pêche quelquefois au niveau démonstratif, propose quelques interprétations un peu trop absconses pour me convaincre parfaitement. En excluant les propos de la Calibane, j’ai par moments été largué par le propos explicatif de Herbert, comme lorsque le scientifique décrit ses errements dans le monde sous-jacent, ou quand il déballe sa théorie sur les vortex S’œil.
Bref, L’Etoile et le fouet s’inscrit dans une démarche intéressante et primordiale en SF et surtout dans le space-opera, met en lumière les phénomènes susceptibles de porter atteinte à la compréhension réciproque lors de discussions entre deux formes de vies intelligentes aux perceptions totalement différentes. On pourra regretter que le propos ne soit pas plus explicite par moments, mais c’est au final un court roman suffisamment intéressant qui est livré ici.
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