dimanche 7 août 2011

La Nef des fous - Richard Paul Russo

Ayant beaucoup entendu parler de ce titre, je m'attendais à un cru d'exception, à trouver de la SF comme je l'aime, porteuse d'une réflexion ambitieuse. Inutile d'en faire une tartine, je n'ai pas vraiment trouvé ce que j'attendais. Néanmoins, je n'en ai pas pour le moins passé un mauvais moment. Si la lecture m'a peu passionné pendant une bonne partie du milieu, j'ai plus l'impression que l'explication tient dans les dispositions relativement mauvaises dans lesquelles j'étais, car la recette ne change jamais.


En effet, cette recette pourra en rebuter quelques uns. Divisé en trois parties, le livre s'attache à nous conter le devenir d'un vaisseau spatial, L'Argonos, dans lequel s'entassent depuis des générations des hommes qui n'ont pas ou n'ont plus la moindre idée du but originel du vaisseau. La hiérarchie interne n'est pas non plus surprenante, et l'on retrouvera facilement une stratification des plus évidentes. A travers Bartolomeo, conseiller officieux du capitaine, lui-même ami d'enfance du héros, nous découvrirons les manigances politiques qui se trament à bord. Face au capitaine, l'évêque Soldano se positionne en adversaire officieux mais farouche, dont l'ambition est manifestement la prise du contrôle du vaisseau. On notera au passage une référence directe au conservatisme religieux incarné par l'évêque, qui défend la position d'un vaisseau existant depuis toujours, malgré l'existence d'une Terre originelle et depuis longtemps visitée et dévastée. Un acte un peu maladroit de mon point de vue, qui ôte une part de crédibilité à un homme résolument intelligent. En restant dans le cliché, sans être pour autant désagréable, l'équipage détectera une émission en provenance d'une planète inconnue, qui l'amènera à l'explorer et à y faire une découverte macabre.

Mais je m'arrête ici de peur de trop en dire. Si l'histoire n'est pas foncièrement originale, elle demeure tout de même prenante, malgré la lenteur du rythme. Il est dommage que l'auteur, en poussant trop loin les réflexions de Bartolomeo, appesantisse son récit. Les pensées se bousculent souvent, et hachent incontestablement le rythme. Un peu plus de dialogues à la place de ces pensées omniprésentes auraient certainement contribué à dynamiser un peu le tout. Par ce biais, les personnages auraient également gagné un peu plus en profondeur ; non pas qu'ils soient creux, mais ils sont peu présents, remplacés par les pensées argumentées de Bartolomeo. De fait, on cerne assez peu les protagonistes, et j'ai même eu un peu de mal à cerner le tempérament du héros. Cependant, il faut reconnaitre qu'on a affaire à un héros qui réfléchit beaucoup, qui s'interroge sans arrêt sur les conséquences de tel ou tel choix, et bien que ce procédé soit appréciable, l'overdose provoque le ralentissement du rythme. On notera cependant quelques réflexions ponctuelles, la plupart n'étant pas forcément très poussées, comme celle sur la liberté qui ne vole pas très haut. En revanche, j'ai plus apprécié le mini-discours métaphysique. Mais dans l'ensemble, il faut rechercher l'aventure plutôt que la réflexion.

Bref, il y avait matière à faire plus addictif. Le gros reproche concerne incontestablement la narration. En nous enfermant dans la tête de Bartolemeo, on ne se rend pas compte de sa différence vis à vis des autres. Le rythme est souvent lent mais pas forcément inintéressant, et l'aventure se laisse suivre agréablement. On notera tout de même un certain manque d'originalité, pas forcément déplaisant.

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