Alexandre Pouchkine est considéré comme le premier grand romancier russe. A une époque où la poésie était la forme dominante et la prose bourgeonnante, Pouchkine, déjà poète reconnu et dissident – il avait été condamné à l’exil par le tsar Alexandre Ier puis tacitement gracié sous Nicolas Ier, son unique censeur – s’attèle à la tâche de réaliser un premier roman. Après plusieurs brouillons, La Fille du capitaine voit le jour en 1836. La critique d’alors le considère comme l’un des premiers chefs d’oeuvre de la littérature russe, et aujourd’hui encore il demeure un classique.
Piotr Griniov est un jeune aristocrate. Son père, capitaine retraité, décide d’en faire un homme et l’éloigne pour cela des tentations de la débauche en l’envoyant dans un fort reculé. Malgré la rusticité du lieu, ou plutôt grâce à cette dernier, le jeune homme se liera d’amitié avec la famille du capitaine du fort et tombera amoureux de sa fille. Mais leur amour est menacé par Pougatchov, un bandit usurpateur qui prétend se faire passer pour le vrai tsar, mettant à feu et à sang les camp militaires qui lui résistent. Piotr est épargné, mais se voit obligé de laisser Macha sur place, son devoir de soldat l’ayant rappelé.
Avec ce roman, Alexandre Pouchkine mêle l’événement historique à la fiction amoureuse. Si certains lieux et personnages sont inventés pour les besoins de l’histoire, le déroulement de l’histoire suit avec exactitude celle avec un grand H. Et pour cause, Pouchkine s’intéresse de près à l’Histoire, il avait même entamé un essai sur la révolte de Pougatchov. Ainsi, ceux qui souhaitent en découvrir plus sur le passé de la Russie pourront se rapporter à cet ouvrage.
Quant aux autres, qui aimeraient simplement lire une histoire plaisante, ils pourront eux aussi plonger dans l’ouvrage. Si pour moi La Fille du capitaine est loin d’autres chefs d’oeuvre russes tels qu’Anna Karénine ou Crime et Châtiment, la lecture fut tout de même plaisante et sans accrocs ; la trame linéaire n’est certainement pas étrangère à la facilité de compréhension. Du côté des personnages en revanche, la galerie manque un peu d’étoffe ; et à l’exception de Pougatchov – sanguinaire mais bonhomme - les caractères manquent de profondeur sans pour autant tomber dans la fadeur. Cependant certains critiques furent enthousiasmés par ces personnages, à l’instar de Gogol qui y décèle des caractères typiquement russes. On est bien loin de la « schizophrénie » d’un Raskolnikov.
La prose est épurée, « vierge de tout artifice » pour reprendre l’expression de Gogol, se contentant du minimum lorsqu’il s’agit de paysages.
Bref, La Fille du capitaine reste agréable à lire pour toute personne intéressée par la littérature russe. Ce n’est certainement pas la porte d’entrée adéquate, mais il émane du livre une certaine fraicheur qui me semble propre aux steppes enneigées d’au delà de l’Oural.
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