lundi 8 août 2011

Narcose - Jacques Barbéri

A mon grand étonnement, me voici en mesure de vous proposer une présentation correcte du premier tome de Narcose, trilogie réalisée par Jacques Barbéri, disponible aux éditions La Volte. Je m'étonne en effet, car au sortir de ma lecture, au demeurant lointaine, j'avais au final peu d'éléments à soumettre à la critique. Quelques éléments couchés sur phosphore et arrangés pour l'occasion me permettent une fois encore d'étaler sous vos yeux avides de lectures mes impressions qui, je dois le reconnaître avec toute l'humilité dont je me sens capable, m'étonnent moi-même malgré la haute estime en laquelle je me porte. Mais avant de vous lancer tout de go dans la contemplation avide de ce modeste billet qui vous ravira en tous points, permettez-moi d'apporter une petite précision quant aux diverses éditions disponibles. Le premier volet de Narcose vit pour la première fois le jour en 1989, aux éditions Albin Michel. C'est cette version que vous trouverez au format poche. Puis la trilogie entière fut éditée à partir de 2008 chez La Volte, et la présente publication fut par là-même revue et augmentée, et agrémentée de la bande-son du livre, composée par Barbéri lui-même. C'est donc cette dernière que je me suis procurée.
 

Comme je l'ai spécifié en introduction, je m'étonne déjà d'avoir quelque chose de vaguement intéressant à dire sur Narcose. C'est pourquoi je vous demande la plus grande indulgence quant au synopsis ci-dessous, vulgairement copié sur la quatrième de couverture. Eh oui, je souffre à mon tour de la panne sèche version résumé d'ouvrage.
 
Narcose, ville-rêve… Anton Orosco, artiste de la magouille, doit fuir. Son salut passe par l’extrados, la zone urbaine des marginaux peuplée par une faune étrange, décalée, où les lolitrans croisent des humains à tête d’animal. Mais se cacher est inutile. Autant changer de corps. En s’embarquant dans une course à la chirurgie plastique, Anton ne pensait pas finir dans la peau d’un lapin. Ni rencontrer Célia, l’adolescente mystérieuse capable de franchir l’envers du décor. Bourré d’amphécafé et de scotch-benzédrine, Anton traverse à toute allure un univers grouillant et instable. En quête d’une issue. D’un plancher tangible. Car à Narcose, lorsqu’on tombe, c’est peut-être le sol qui monte.
Roman halluciné, Narcose se présente enfin au lecteur sous sa forme achevée, premier volet d’un triptyque édité par La Volte. Jacques Barbéri gonfle un univers délirant jusqu’aux limites de l’explosion.

  L'entrée en matière est sèche et brutale. Barbéri nous plonge dans son monde de manière crue, sans se soucier du lecteur qui devra raccrocher les wagons par la suite. Quel est cet univers ? que signifient ces néologismes barbares ? sont des questions auxquelles le lecteur devra répondre seul, sans trop attendre d'aide de la part de l'auteur. Sans trop en dire, Narcose est « réellement » un univers étrange, issu d'un cerveau dérangé ; et les créatures hallucinées se démènent avec une science qui permet toutes les exubérances corporelles, entre autres.

De plus, le schéma narratif de Barbéri déroute un peu. Une quinzaine de parties découpés en petits chapitres, dont la taille excède rarement la dizaine de pages. On sent derrière cela une volonté d'aller à l'essentiel, en multipliant les ellipses qui pourraient ralentir le rythme. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ça fuse. Moins de 200 pages suffisent à nous faire vivre une aventure menée tambour battant. Mais il faudra tout de même attendre le tiers du livre environ pour que l'histoire décolle. En effet, les fils de la trame se mettent lentement mais sûrement en place, et la fin ne laisse aucun doute à ce sujet.

Quelle qu'en soit la raison, j'ai eu du mal à m'immerger dans la lecture. Peut-être est-ce du au style de Barbéri, qui écrit au présent. Ou alors le caractère fractionné de son écriture, qui hache volontairement le rythme. Néanmoins, on ne peut nier un imaginaire débridé à propos des descriptions. De l'inédit, du jamais vu en ce qui me concerne. A ce niveau-là, c'est du très grand art.

On notera également un hommage vibrant à l'Alice de Lewis Carroll, qui s'inscrit à merveille dans l'histoire.

Il me reste à vous parler de la bande son fournie avec le livre. Une fois n'est pas coutume, un ouvrage édité chez La Volte bénéficie d'un accompagnement audio. Mais on notera cette fois-ci que le compositeur est aussi l'auteur. Il est compliqué de parler en détail des divers morceaux, mais on distingue des sonorités dures, rêches, métalliques, qui pourraient se faire l'écho de l'écriture du bouquin. A la limite de l'agression pourrait-on dire. Mais j'ai beaucoup aimé. Vraiment. Je pense d'ailleurs me tourner vers les autres compositions musicales de Barbéri, qui est musicien de profession, et n'en est pas à son coup d'essai.

Somme toute, je ne saurais pas dire si j'ai aimé ou pas. D'un côté, il m'aura fallu du temps pour pénétrer dans cet univers, et de l'autre, une fois rentré, c'était une expérience dépaysante et plaisante, mais qui est survenue un peu tard, vers le dernier tiers. J'en conseille la lecture aux personnes averties, qui ont déjà de la bouteille. Personnellement, je continuerai à m'intéresser à Barbéri. Quant à ceux qui ont tout lu Dick, il parait qu'ici l'élève offre une version plus vertigineuse encore que celle du maître. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le Cafard.

1 commentaire:

  1. Pour ma part j'ai lu un autre roman de Barbéri, Le Tueur venu du Centaure. C'est le tome 3 de Narcose, je viens de l'apprendre. Je n'y ai pas compris grand-chose.
    La faute en premier lieu à un univers un peu complexe, dont (forcément) je n'avais pas les clés de compréhension. Mais si tu dis qu'on y rentre de plain-pied dans le premier tome, je n'ai pas de regrets de ne pas l'avoir lu. Comme dans Narcose le récit est "explosé" entre plusieurs fils narratifs, des personnages très particuliers évoluant sur plusieurs pans de réalité, pas toujours identifiables d'ailleurs.
    Certes, il y a de l'imagination, la langue est dynamique et belle, mais je me suis perdu en route. J'ai fini le roman avec l'impression d'avoir un peu perdu mon temps...

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