vendredi 29 juillet 2011

Les Trois Mousquetaires - Alexandre Dumas

C'est dans un quotidien parisien du XIXè, prénommé Le Siècle, et sous forme de feuilleton, que vit pour la première fois le jour Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. La même année, en 1844, les éditions Baudry proposèrent l'ouvrage dans sa totalité, permettant aux fortunés d'antan de goutter à l'onanisme littéraire grâce à la prose de Dumas.



D'Artagnan est Gascon et fils de seigneur. A 18 ans, il part direction la capitale muni d'une lettre de recommandation de la part de son part à destination de M. de Tréville, capitaine du corps des mousquetaires, garde personnelle et exclusive du Roi. Mais en chemin, il fait halte dans un petit bourg au nom de Meung qui va, mais il ne le sait pas encore, changer sa destinée. Arrivé à la capitale, il se présente devant M. de Tréville sans sa providentielle lettre qu'il a perdu à Meung lors d'une altercation. Allant au contraire des espoirs de d'Artagnan, le capitaine du corps des mousquetaires ne peut l'accepter dans son corps d'armée, ses états de service faisant défaut. C'est à ce moment là que d'Artagnan aperçoit son provocateur de Meung par la fenêtre. S'eclipsant sans crier gare du bureau de M. de Tréville, le jeune gascon se lance à la poursuite de l'inconnu. Par malchance il le perd de vue, tout en s'attirant à cause de sa poursuite vaine trois duels avec les mousquetaires Athos, Porthos et Aramis. Les duels étant officiellement prohibés, la rencontre se fait dans un lieu discret, où les compagnons seront dérangés par la milice cardinaliste. Ni une ni deux, d'Artagnan se joint aux côtés des mousquetaires qui sont en infériorité pour le combat.

De retour au bureau de Tréville, ce dernier le confie comme cadet à la compagnie de son beau-frère M. des Essarts. Du duel précédent, il naîtra une forte amitié entre les quatres hommes qui les conduiront dans de folles et périlleuses aventures.

Vieux bouquin que ces Trois Mousquetaires. Déjà plus de 150 ans et l'histoire n'a pas pris une ride, ou presque. C'est devenu un classique connu de tous, ou tout du moins par son nom. Mais paradoxalement, et bien que Les Trois Mousquetaires évoque invariablement les noms de d'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis, peu de gens savent qu'en réalité d'Artagnan n'est pas mousquetaire, tout du moins à la base. Le tir est maintenant rectifié et je peux me concentrer sur la cible de cet avis.

Ce qui surprend lorsque l'on lit les premières pages, c'est le style de Dumas. Le ton est résolument aux proses excessives et aux phrases longues, la plume est exquise et le style n'est certes pas vieillot malgré quelques termes aujourd'hui archaïques. Oui c'est beau, c'est riant, c'est dansant. Et on se retrouve bien vite happé par la prose langoureuse qui n'a de cesse de nous fournir de si onctueux échanges. Ces gentilhommes sont beaux, forts et ont de l'aplomb, mais en plus ils savent parler, font de la poésie en prose pour notre plus grand bonheur. Ils ne s'empressent pas, prennent leur temps et visitent les lieux, ce qui nous donne le loisir d'observer la scène de l'extrait présent. Dumas aime en effet s'attarder sur certains passages frivoles mais qui font tout le sel de l'oeuvre, ces petits à côté qui forgent au final la personnalité de l'oeuvre. Et bien que je soupçonne Dumas d'avoir volontairement rallongé son livre de cette manière (il était payé au mot ou à la ligne) je ne lui en tient absolument pas rigueur pour ce supposé appât du gain; mieux encore je l'en remercie pour m'avoir donné à lire ces délictueuses saynettes d'apparence banale mais profondément riches.

Le style est si doux qu'on en vient à le privilégier à l'histoire, à souhaiter que les personnages parlent sans discontinuer, quitte à sacrifier l'histoire et nous proposer de si beaux mots dans de si belles bouches. Mais non, il faut parfois en revenir à l'histoire, la faire avancer et créer alors un suspens susceptible d'alpaguer le chaland du XIXème, pauvre hère assoiffé de ripaille et de duels entre mousquetaires et cardinalistes. Alors la narration reprend son droit, et les dialogues sont délaissés pour un exposé à la langue certes toujours riche, mais à la linéarité malvenue et qui devient fade en comparaison des échanges doucereux. Eh oui, même Dumas peut tomber dans le piège de la linéarité. Et c'est là que son style en pâtit, car si les dialogues nous emmènent parfois au septième ciel, la narration nous fait retomber sur la terre ferme. Bien entendu le langage n'en pâtit point; mais c'est d'une affiction profonde que l'on souffre lors du voyage en Angleterre. Très linéaire et avare en dialogues, cet épisode d'une centaine de pages et cette formule viendront encrasser une copie pourtant proche de l'excellence. Ah dieux infâmes et démons pernicieux! Pourquoi permettre cet écart criminel qui, d'une oeuvre magistrale et magique en puissance, d'une histoire légendaire aux dialogues divins, se transforme par l'usure du temps en un récit seulement excellent qui ne rend qu'à moitié gloire à ce titre pharaonique? Là où les mots auraient pû être délivrance de l'âme et de l'esprit, cette lourdeur parfois excessive transforme la poésie prosaïque en chemin de croix que l'on ne peut par moments embrasser.

1 commentaire:

  1. Belle envolée lyrique. :)
    Il patiente tranquillement sur ma pile des "classiques à lire", mais son tour finira par venir.

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