dimanche 31 juillet 2011

Le Vieil homme et la mer - Ernest Hemingway

Le Vieil homme et la mer est considéré comme un des romans majeurs d'Ernest Hemingway, voire son meilleur. Malgré les critiques disparates lors de sa sortie, le prix Pullitzer en 1953, puis le prix Nobel 1954, firent de ce court roman une oeuvre majeure du XXè siècle. Car oeuvre il y a, et même si certains lecteurs seront saisis d'incompréhension à la lecture, qu'ils souquent ferme dans l'ennui le plus profond, je maintiens mon jugement téméraire, esprit indépendant que je suis mais surtout soutenu par l'aval des comités de l'époque.


Santiago est un pauvre et vieux pêcheur. La dernière compagnie qui lui reste est un jeune garçon, à qui il a appris à pêcher, resté fidèle malgré l'isolement de Santiago. Mais depuis quelques temps, le vieil homme ne rapporte plus de poisson, et les parents du gamin l'ont transféré sur un autre bateau. Seul, le vieil homme part au large, et un poisson mord finalement à l'hameçon. Mais la lutte sera longue, intense, et emmènera le vieil homme bien loin de la côté cubaine.
 
Je le reconnais, le pitch n'est pas des plus engageants. Mais il suffit de persévérer pour découvrir les trésors que recèle ce roman. Nous suivons en grande partie l'isolement du pêcheur en mer, son combat sans relâche contre cette force de la nature. Mais l'intensité qui se dégage des pages est tout à fait passionnante ! Le début est peut-être laborieux, on tente de s'accommoder au style qui semble manque d'ambition, qui pourrait même passer pour simpliste. Mais les pages défilent, et tandis que le combat s'engage le lecteur est pris dans les filets de l'écrivain. On sent toute la dureté du combat, toute l'abnégation du vieil homme, son obstination sourde et inébranlable. Et pendant tout le temps que nous passons en sa compagnie, nous partageons également ses pensées, remplies d'un respect amène envers l'océan qu'il côtoie au quotidien. Et nous vivons presque l'océan. Les descriptions d'Hemingway sont épurées dans la quintessence : un mot, une métaphore suffit pour transmettre le sentiment d'une entité abstraite, presque vivante. La simplicité même du pêcheur est en adéquation avec ce monde simple mais dur. Cruel tout en étant généreux. La vie en d'autres termes.
 
  Car on se sent presque vivre à la lecture. On s'implique dans le combat du vieil homme, on est tenu en haleine par un dialogue entre le héros et lui-même. Peut-on d'ailleurs parler de héros? Au sens "Hemingwayien" du terme certainement, quoique je ne sois pas le mieux placé pour en juger. La préface indiquait gentiment le résumé de l'ouvrage, et je fus bien inspiré de ne le lire qu'à la fin de ma lecture. Car j'avais cru voir un message de respect de la nature, ne pas voir en elle un ennemi mais un adversaire qui nous fait progresser, alors qu'il fallait y voir un aspect qui tenait bien plus à coeur à Hemingway, et qui risque peut-être de vous gâcher la lecture si vous ne sautez pas au prochain paragraphe immédiatement. [SPOILER] Hemingway nous fait vivre l'échec dans la victoire. Et même si ce n'est pas ce que j'en aurais retenu à la fin, j'avoue réellement avoir été presque souffert avec le vieil homme lors du retour. Certes une logique d'anticipation avait déjà prévu cette éventualité, mais il est toujours douloureux de voir un bonhomme sympathique souffrir de l'annihilation d'effort surhumains. [/SPOILER]
 
Bref, et sans vouloir plus m'épancher plus que ça, ce livre est marquant malgré sa faible pagination. J'en retiendrai surtout une escapade courte mais fournie en détails, qui permet de vibrer avec le vieil homme, l'attachement à ce dernier qui est du à sa simplicité, son abnégation et son courage admirables, et un style faussement simpliste au diapason du caractère de vieil homme. Cet océan pacifique m'aura marqué également. Un retour aux sources rafraichissant, mêlé à un message pas forcément intellectuel mais qui demeure parfois poignant. Cependant, et par honnêteté, il me faut spécifier que rentrer ou se remettre dans la lecture n'est pas toujours chose aisée. Si les conditions vous le permettent, tentez de vivre cette aventure d'une seule traite.

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