samedi 30 juillet 2011

Kick Ass

Y’a pas à dire, Kick Ass nous botte bien le cul. Et pas seulement à nous, simple spectateurs itinérants, mais également aux autres comics de super-héros. Pas tous bien entendu. Certaines adaptations, comme celle du Dark Knight, n’ont pas à rougir face à cette parodie du genre. Et dieu que c’est jouissif.  Le héros, ou antihéros selon les positions de chacun, est un adolescent banal, et suit les cours au lycée comme les autres jeunes de son âge. Aucune identité secrète ou même pouvoir spécial, aucun passé trouble ou idéologie divergente, ce Dave Lizewski est bel et bien un être entièrement normal. Pourtant, Dave a un rêve, un fantasme caché, mais que bien d’entre nous ont certainement eu un jour : devenir un super-héros. Mais voilà, Dave est un loser, un ringard pur jus. Et c’est d’ailleurs ce qui fait le sel de toute cette histoire. Voir un gringalet sans aucune maîtrise du combat, armé simplement de son courage et de son costume vert fuchsia débarquer face à deux voyous en crânant, voilà qui ne manque pas de piquant. Cependant, Dave apprendra à ses dépends que les comics sont loin de refléter la réalité. On ne s’improvise pas super-héros en un jour, et encore moins lorsqu’on est un geek gringalet sans aucune capacité spécifique. Malgré un revers prévisible, Dave, alias Kick Ass, reprend du service. Après un concours de circonstances très bien amené, Kick Ass attise le buzz et déchaîne les passions, l’occasion de présenter un super-héros rompu aux nouvelles technologies (mais version réseaux sociaux), comme le fut Batman en son temps.


Jusqu’ici, Kick Ass est un film très drôle, mais l’on se demande bien si le film sera uniquement une comédie déjantée qui délaisse l’histoire. Vous l’aurez certainement deviné, ce n’est absolument pas le cas. Sous ses dehors parodiques, le titre – car n’oublions pas que le film est tiré du comics éponyme– n’oublie pas de proposer une histoire réellement bien ficelée. En parallèle des déboires de Kick Ass, nous suivons les aventures d’un père et de sa fille, qui forment résolument un duo très singulier. Sans trop en dévoiler, nous avons en face de nous deux être humains qui approchent le plus de la définition d’un super-héros. Deux justiciers masqués et dotés d’aptitudes exceptionnelles écument le monde de la pègre. Dans quel but ? Vous le saurez bien assez tôt. Sachez simplement que ces deux-là sont très attachants. Nicolas Cage interprète à merveille le rôle du père poupon et sécuritaire ; quant à sa fille, nom de code Hit Girl, le décalage entre son jeune âge et son comportement est une source de réjouissance à plusieurs reprises. Loin d’être la petite fille sage modèle, elle se révèle être une soldate prête à tuer sans aucun état d’âme. Ajoutez à cela des répliques cyniques foudroyantes, et Hit Girl est clairement mon personnage favori.

Il serait pourtant injuste de négliger les seconds couteaux, de ne parler que des trois gentils de l’histoire. Car s’il faut bien reconnaître une qualité de taille à Kick Ass, c’est son panel de personnages très fourni, et surtout très abouti. Du parrain de la pègre à la fille objet de désir, tous les acteurs interprètent brillamment leur rôle. Les acteurs semblent être en résonance avec leur rôle ; à l’unisson ils se sont mis au diapason. Cependant, on ne pourra s’empêcher de noter que l’histoire part sur des bases très classiques. Mais qu’importe puisque les clichés sont superbement détournés. La love story, élément notablement mièvre dans nombre de longs métrages, est également une réussite. Moi qui suis d’humeur cynique à ces moments précis, je me suis surpris à trembler pour Dave, à partager ses sentiments dans ce moment crucial. Clairement, je me suis senti solidaire de ce puceau perdu dans les choses de l’amour, lui qui, avec ses deux meilleurs amis, ne connaît de l’amour que ce qu’il en a lu dans ses comics.

Mais si l’histoire est magnifiquement ficelée, je crois que la mise en scène m’a encore plus bluffé. L’immersion est totale. Je ne suis pas un expert ès cinéma, loin de là, mais clairement je me suis senti vivre l’action, à chaque moment du film. Et ça c’est un atout de taille. C’est ce qui fait la différence entre une scène de tabassage peu choquante et un passage à tabac révoltant, cruel, tant la violence brute y est capturée et restituée par le biais de l’écran. Aucun filtre ne s’immisce entre ce déchaînement sauvage inexpliqué, chaque agression heurte et écœure.

Au final, c’est un film exceptionnel qui nous est offert. Ce pastiche de super-héros ne fait pas seulement rire, il émeut et choque également, notamment grâce à une mise en scène époustouflante. Les scènes de violence sont très crues, et en ce sens peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes (moi-même j’ai été choqué, bien que je ne sois point cœur d’artichaut). L’histoire, malgré son côté ramassis de clichés subtilement réagencés, tient la dragée haute à n’importe quel autre film dit sérieux. On pestera légèrement à un ou deux moments, quand une scène d’action est peut-être trop irréaliste, mais en-dehors de ces très rares passages je considère que c’est un sans-faute sur toute la ligne. Je terminerai avec un mot sur ma scène favorite du film. Le sourire aux lèvres, j’étais presque en transe quand la musique d’Ennio Morricone est venue siffloter à mes oreilles radieuses, pendant que mon regard captait avec avidité la vision délictueuse qui m’était offerte. Décidément, un film d'exception.


1 commentaire:

  1. Hum... je dois avoir un problème avec le côté parodique de la chose (et pourtant j'aime assez les comics), parce que j'ai trouvé ça relativement chiant. Bon j'exagère un peu, c'était divertissant, mais un peu trop convenu à mon goût. Passé l'idée amusante du looser qui s'achète un costume de super-héros sur ebay, pas grand chose à se mettre sous la dent, à part des scènes d'actions qui nous en mettent plein les mirettes. Dans le même genre j'avais trouvé Super plus drôle et original (sans être pour autant un film exceptionnel).

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