Chers amis, les cieux sont parfois
cruels envers les pauvres mortels que nous sommes. En effet, ce soir,
ou plutôt dans la soirée d’hier soir à ce bref matin dominical
qui me voit rédiger ce billet, j’ai été et ce depuis longtemps
dans les salles obscures voir Drive. Il m’aura fallu pour cela
braver les éléments déchaînés, et j’espérais donc qu’après
avoir glorieusement réussi l’épreuve du parapluie tourmenté par
les rafales et la discipline ô combien méconnue du saut de flaques,
succèderait une délivrance extatique récompensant un courage
exemplaire.
J’avais tout faux.
[résumé tiré d’Allociné]
Un jeune homme solitaire, "The
Driver", conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant
que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu
bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n’a pris part
aux crimes de ses employeurs autrement qu’en conduisant - et au
volant, il est le meilleur !
Shannon, le manager qui lui décroche tous ses contrats, propose à Bernie Rose, un malfrat notoire, d’investir dans un véhicule pour que son poulain puisse affronter les circuits de stock-car professionnels. Celui-ci accepte mais impose son associé, Nino, dans le projet.
C’est alors que la route du pilote croise celle d’Irene et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul.
Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal…
Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…
Shannon, le manager qui lui décroche tous ses contrats, propose à Bernie Rose, un malfrat notoire, d’investir dans un véhicule pour que son poulain puisse affronter les circuits de stock-car professionnels. Celui-ci accepte mais impose son associé, Nino, dans le projet.
C’est alors que la route du pilote croise celle d’Irene et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul.
Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal…
Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…
En toute honnêteté je ne serais pas
allé voir Drive sur la base du pitch, ce dernier me faisant
largement penser à un quelconque film d’action issu d’une banale
caméra hollywoodienne ; mais voyez-vous, la blogosphère est une
confrérie puissante qui donne racine à de multiples liens de
confiance entre frères et soeurs, dont la solidité est aujourd’hui
remise en cause. J’ose à peine dénoncer les hérésiarques
Lorkhan et Seb tant une trahison de leur part m’était inconcevable
à ce jour, mais les temps anciens sont désormais révolus. Car je
l’avoue du bout des lèvres, j’aurais présentement préféré un
sempiternel remake pour adolescents décérébrés ou mâles
ruminants à la testostérone exacerbée que devoir me taper ce
nanar. L’entame à elle seule donne le ton de ce que sera le film.
Après une scène peu bavarde où l’on ressent une certaine
froideur dans la voix du héros, dans son QG provisoire d’une
chambre d’hôtel déshumanisée, la caméra nous entraine dans une
course poursuite elle aussi ambigüe. L’idée de base est pourtant
à saluer, on ressent l’envie du réalisateur d’orienter son film
vers de nouveaux codes, de se détourner des clichés de testostérone
pure et dure pour atteindre une froideur mécanique. C’est du moins
l’impression prédominante de ce côté de l’écran, car
l’histoire, loin de verser dans l’effet boules de flammes à
gogo, souhaite retrouver une dimension plus réaliste. Cependant et
le réalisateur a du zapper ce détail en cours de route (c’est pas
faute d’avoir un chauffeur dans le film), l’authenticité
n’exclue pas une touche de dynamisme, d’imprévu, de vie, de
chaleur humaine, des composantes certes distillées dans Drive, mais
en quantité si infinitésimale qu’elles s’égarent tout le long.
Les acteurs pour autant ne sont pas à
blâmer, ils incarnent leur rôle, sans fioriture. Le malaise se
trouve ailleurs, dans les personnages mêmes, artificiels au
possible. Le « héros » en est l’emblème, Ryan Gosling
ne se départit jamais de son masque dépressif, quand bien même le
bonheur est dans le pré (ou sur les bords de la rivière). Pas moyen
de tirer un mot à ce bonhomme, foutrement plus que timide. Il n’est
pas du calme exemplaire dont sont faits les tueurs implacables, il
est simplement mou, il vibre autant qu’un atome au zéro absolu.
Aucun répondant si ce n’est le silence, ou quelques phrases
assassines à de très ponctuels moments. On a l’impression d’avoir
affaire à un pigeon de ce monde, bon et con comme on dirait. Mais
félicitons le Septième Art pour avoir réinventé l’Amour, la
romance entre le driver et Irène n’étant pas plus prévisible que le
retour annuel du printemps ; on se demande encore ce qu’une femme
normalement constituée (et la demoiselle à l’écran semble l'être)
peut trouver à un gus pareil, qui rendrait n’importe quel
dictateur irakien des plus amicaux. A moins que le driver ne soit le
meilleur ami caché de Patrick Sébastien, je me renseignerai
à l’occasion.
Passons maintenant à l’histoire.
Laquelle ? certes, je me demande encore, mais parait-il qu’il
y a un fil d’Ariane sacrément bien caché dans cet entrelac de
pellicules. Si Mnémosyne ne m’a pas cruellement abandonné dans
les dédales du Pathé, la trame commence avec la volonté de créer
une équipe de sport automobile, avec comme coureur ce cher Driver
qui éblouit le sponsor. Puis les haut-parleurs de la salle ne
mouftèrent plus à ce propos durant les longues minutes qui
suivirent le si émouvant « shaking hands ». On s’égare
du côté de la romance (se garer serait plus approprié, LOL ! - je
précise à mon aimable lectorat qu’il est 2h du mat’ passé à
l’heure où j’écris, merci de votre indulgence par avance et par
retard), puis Mister Driver fait son chevalier blanc au grand coeur
en bossant gratis pour des gars qui le méprisent. Je crois qu’on
atteint des abysses sur la fin. Mais non je ne m’étendrai pas plus
longtemps là-dessus, c’est du n’importe quoi partout partout, et
je laisse le soin à ce cher Connard de vous dévoiler la fadeur
intrépide de ce film qui multiplie les clichés et les raccourcis.
Visez la superbe tronche, immuable pendant tout le film |
Ah et puis une dernière chose,
absolument incompréhensible, mais qui dut valoir au long-métrage sa
récompense à Cannes. Les ralentis à répétition. Je conduis, je
ralentis ; je suis dans un magasin, je ralentis ; je me
garde dans un parking, je ralentis (oui c’est bien ça, on nous
fait croire qu’il va y avoir un super truc stylé, et finalement le
mec se gare. J’adorerais moi aussi me faire filmer au ralenti quand
j’effectue un créneau, tout un chacun admirerait mon fier air
sombre tandis que d’un geste altier je guiderais la carrosserie
métallisée sur les rails de son destin).
Mentionnons pourtant la musique,
d’inspiration drum’n bass, qui contribue fortement à
l’esthétique du film. Si dans un premier temps elle permet bien de
se prêter au jeu, de s’extraire du fauteuil pour s’absorber dans
la contemplation froide du film, le scénario vient rapidement
détruire ce maigre tribut pour ne laisser que des monceaux d’ennui.
Enfin bref, à chacun son sens
esthétique, comme toujours. Pour ma part je n’ai pas cru une
seconde aux rôles désincarnés, tue-le-film évident et principal
repoussoir, comme un air glacé congelant les ardeurs. Si vous êtes
de la trempe des Inuits, vous pouvez foncer.
Je n'aurais qu'une chose à dire : Hérétique ! :D
RépondreSupprimerBon, plus sérieusement, tu n'as pas été sensible (ou plutôt si, mais pas dans le bon sens...) à l'ambiance du film, et c'est bien dommage !
Moi c'est justement ce que tu appelles "froideur" (que j'appellerais plutôt "ambiance épurée") qui m'a plu, ces longs moments de silence (cette scène sublime, près de la fenêtre chez Irène) alors qu'on aurait tout aussi bien pu tomber dans la facilité avec des "je t'aime" à n'en plus finir, suivis d'embrassades, voire une scène de sexe... J'ai toujours aimé les non-dits, les regards qui disent tout ce qu'il y a à dire, mais avec cette retenue qui rend la chose belle et subtile.
J'ai trouvé l'intro superbe, la photographie est magnifique, et il y a quelques plans de caméra bien sympathiques. bref, une vraie réussite formelle pour moi.
Sur le plan de l'intrigue, oui c'est léger, et on tombe même un peu dans le convenu après la scène de l'ascenseur (LA scène du film, pour sa beauté, sa sensibilité, et son exact contraire quelques secondes plus tard), mais j'ai tellement été emporté par tout le reste que je suis tout à fait disposé à lui pardonner cette légère faiblesse.
En tout cas, désolé du mauvais conseil, je ne le referai plus !^^
Je comprends tout à fait ce que tu veux dire par l'ambiance dépouillée, et à vrai dire je lorgne moi aussi de ce côté là. Comme toi les je t'aime à n'en plus finir me gonflent passablement, mais là je trouve qu'il n'y avait strictement rien dans les regards, aucune intensité, seulement les yeux bovins du driver. Et surtout aucun flirt digne de ce nom. Après le sexe ne me dérange pas, dans la mesure où c'est pour moi la concrétisation d'une étincelle et le commencement possible d'un incendie ;)
RépondreSupprimerPas vu mais ta cro m'amuse :)
RépondreSupprimerje dirais donc que t'es doublement gagnant au risque de provoquer un troll avec Lorkhan :P
RépondreSupprimerDu cinéma à répétition sur un blog de bibliophile ?
RépondreSupprimerMER IL EST FOU :hap: