Je suis tombé sur Dark City à moitié
par hasard. Etant donné la maigreur de ma culture cinématographique
version SF, je m’étais dit qu’il était grand temps de remédier
à cela en me matant au moins quelques uns des classiques du genre.
Une petite requête google plus tard, et me voici sur la page
wikipédia donnant le classement OFCS des meilleurs longs métrages.
Je jette quand même un oeil et je suis rassuré de voir de voir que
j’en connais quelques uns dans le lot, et même que
j’en ai vus. Un peu au hasard, je pioche dans la liste, et ce soir
c’est Dark City, un choix loin d'être mauvais.
Une baignoire. Un homme, une goutte de
sang sur le front. Amnésique. Allongé dans le bain. Une lampe au
plafond qui balance sa lumière de manière inquiétante. Des
fringues juste à côté. Et le téléphone sonne. Un inconnu au bout
du fil raconte à cet homme qu’il est recherché, qu’ils le
traquent. Et c’est le début de la fuite. Contre des inconnus au
teint blême, d’inquiétants étrangers, et contre la police,
notamment l’inspecteur Bumstead. Sans oublier sa femme, Emma, ni le
docteur Schreber, qui semble en savoir pas mal sur toute cette
affaire, mystérieuse, qui amène J. Murdoch à rechercher son passé
dans une course contre les forces blêmes, ces inconnus qui ne
reculent devant rien pour retrouver sa trace, qui possèdent le
pouvoir d’harmoniser et qu’ils redoutent de trouver en
lui. Quant à Murdoch qui court après son passé, il trouvera des
réponses bien étonnantes.
Dark City happe le spectateur dès les
premiers instants. Décors soignés, mise en scène aux petits
oignons, on n’a aucun mal à s’immerger dans l’ambiance
steampunk qui gardera toute sa saveur le long du film. Les bagnoles
de la vie moderne se mêlent aux engrenages – discrets – des
horloges omniprésentes ; l’architecture reprend les codes des
années 30, inspiration identique pour son homologue vestimentaire.
Et la bande son fait un boulot monstre, clairement, c’est une des
réussites du film, préservant ce sentiment de mystère et
d’angoisse jusqu’à la fin. Félicitons aussi les cameramen qui
se donnent du mal pour nous placer au coeur de l’action, et il ne
reste plus qu’à congratuler les acteurs. Je commencerai par
Jennifer Connelly. Cette fille est sublime, incroyablement sublime,
elle donne au personnage d’Emma une telle densité rien qu’avec
un masque, une expression, qui confèrent à son personnage une force
intérieure en proie à une angoisse sous-jacente, le tout baignant
dans une certaine sensualité. Et le vert qui relève ses yeux lui va
à ravir ! William Hurt, aux commandes de l’inspecteur
Bumstead, n’est pas non plus à la traîne en matière d’élégance,
il arbore la plupart du temps un costume trois pièces sobre mais
efficace qui contribue à l’établissement de son personnage
solitaire, dur, persévérant, mais humain et compréhensif. Quant à
Rufus Sewell, il restitue aisément un John Murdoch amnésique et
pommé, avec ses yeux écarquillés et son air paniqué. On n’a
aucun mal à l’imaginer traqué par de mystérieux hommes à la
blancheur cendrée.
Le scénario a le mérite de tenir la
route. On a beau me chambrer dans mon entourage pour chercher la
petite bête, ici je n’ai rien relevé de choquant, même en me
harcelant de questions (étais-je donc trop fatigué ?). Avec son
amorce somme toute classique – l’amnésique est devenu un attrape
nigaud depuis le temps -, l’histoire parvient tout de même à nous
emmener sur les traces d’une vérité insidieuse, qu’elle fait
planer au fil du temps sur le film, laissant le spectateur élaborer
ses propres déductions sur ce qui se trame en ville. Et bien qu’on
parle de SF le fantastique n’est pas toujours loin, avec cette
histoire d’harmonisation. Il est pourtant dommage que la fin soit à
ce point conventionnelle, car peu d’éléments dans le film
méritent d’être taxés tels quels. Effectivement, on tombe dans
le piège de ce que j’appelle du Dragon Ball Z escalation,
qui consiste à augmenter la puissance des combattants sans se
soucier de leur intelligence : à bourriner et à faire dans la
testostérone pure et dure en gros.
Finalement le film vaut plus par son
ambiance et par son traitement à la manière d’un thriller que par
son histoire à proprement parler. Si la trame demeure la plupart du
temps intéressante et rendue aguichante par un suspens savamment
distillé, on regrettera que l’idée sur laquelle repose la ville
ne soit peu creusée plus profondément, de même qu’une fin à la
hauteur du reste du film, qui avait su ménager de bonne surprises
scénaristiques. Mais ne passez pas à côté de Dark City, encore
plus si vous êtes amateur de SF, vous risqueriez de louper un très
agréable moment.
Ah la la ! Irrésistible en chanteuse de jazz ! |
C'est vrai que j'en ai souvent entendu parler (en bien), mais je ne l'ai jamais vu. Merci pour la piqure de rappel ! ;)
RépondreSupprimerJe viens de vérifier : ce film-là est en DVD à la bibliothèque, chouette ! Je sens bien que je vais passer un bon moment, merci du conseil (et si je m'ennuie, je reviendrai me plaindre ici !)
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